Une 3ème mi-temps très appréciée

Au printemps 2002, nous recevons une lettre émanant de la petite ville d’Egry, pas très loin de Pithiviers
Le Comité des fêtes veut organiser un concert pour la fête des moissons et il a pensé à notre chorale.
Pourquoi me direz-vous?
Parce que certains de ses membres sont allés à l’inauguration de la salle des fêtes de Chécy; ils ont apprécié les chants des Carmina, se sont renseignés sur les chorales participantes et ont choisi la nôtre.
Quel honneur d’un seul coup!
Non seulement, nous n’avons plus besoin de demander à nous produire, mais on vient nous chercher!
La demande est précise:
Nous serons les seuls à chanter, en fin d’après-midi, en 2 parties d’une douzaine de morceaux chacune, avec un entr’acte;
Afin de nous « motiver », ils font des propositions aussi inattendues qu’alléchantes:
– comme le concert commencera en fin d’après-midi, nous aurons droit à une bonne collation à la fin
– afin de pouvoir profiter pleinement de cette collation…, ils prendront à leur charge les frais de déplacement AR d’un car
– enfin, ils nous proposent une somme relativement importante (j’en ai oublié le montant)
On tombe un peu des nues!
Nous voilà sollicités comme des pro!
bien entendu, nous acceptons
Le jour J, le concert se passe très bien, il y a beaucoup de monde et on passe à la collation promise
Il faut dire qu’on a vraiment faim et soif, car le déjeuner du midi est bien loin et on a le gosier sec
Et les organisateurs ont bien fait les choses; tout est bon, copieux, varié; on mange bien, on boit de même
L’équipe du Comité des fêtes est aux petits soins pour nous; on parle beaucoup chansons et ils nous disent combien ils aiment chanter
Certains se risquent à fredonner un air en regrettant avoir oublié les paroles
Et c’est là que l’on sort notre carnet de 3ème mi-temps; ce carnet a été élaboré depuis quelques années.
Il comprend une quarantaine de chants avec la totalité des paroles.
Il s’agit de « tubes » d’un jour ou de toujours, de ceux que tout le monde connait et a fredonné quand il était jeune
tous les choristes en ont un et on s’en sert lorsqu’on boit un pot après les concerts.
et là, les gens d’Egry sont très intéressés: ils regardent les titres, en choisissent un et nous demandent si on accepterait de l’interpréter.
Bien entendu, on s’exécute, mais eux se mettent à chanter avec nous!
Dès qu’une chanson est terminée, hop!, on regarde le carnet, on en choisit une autre et ça redémarre!
on a bien chanté comme ça avec eux pendant 3/4 d’heure !
Ils étaient absolument ravis d’interpréter des chants/souvenirs en entier.
Et d’être ainsi passés de spectateurs à acteurs, et nous aussi de les voir s’éclater!
Quelle ambiance ce fût!
Quel souvenir!

Naissance d’une chanson fétiche

Lors d’un printemps de Chécy en 1995 ou 96, nous avions appris un chant gospel intitulé « Canto de Candomblé » et sous-titré « hommage à Oxala », Oxala désignant le Père des Brésiliens pauvres et malheureux.
Ce chant populaire du Brésil ne compte que 14 mesures
les altis et les basses l’attaquent seuls piano et bouches fermées
la 2ème fois, ils prennent le chant pendant que les Soprani et les ténors les rejoignent, bouches fermées à leur tour
la 3ème fois, tout le monde a le chant et nous sommes en mezzo forte
à la 4ème reprise, on chante tous ensemble et à fond.
L’ensemble donne donc un crescendo progressif, du fait de l’addition des pupitres d’une part et de l’augmentation de la puissance des voix d’autre part.
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Le samedi 13 avril 96 à 20h, toute la chorale est dans un car, direction Bénicarlo en Espagne et il y a de l’ambiance!
Nous rendons la politesse à la chorale de la ville qui était venue l’année précédente; la durée du voyage est de 5 jours, trajets compris.
Nous arrivons à bon port le dimanche à 12h45; calculez vous-même la durée du trajet et vous comprendrez qu’il faut être jeune et /ou motivé pour faire de si longs voyages.
En Espagne, on déjeune fort tard et c’est à 15 heures seulement que nous pouvons nous remplir l’estomac qui criait famine depuis pas mal de temps…
A la fin du repas, les jeunes de Bénicarlo nous ont gratifié de quelques chants fort agréables.
Mardi 16 avril nous visitons le château de Péniscola qui abrite une petite église.
Dès que nous y pénétrons, Benoit, notre jeune mais déjà très talentueux chef de choeur, remarque la hauteur du plafond et sa forme, une voute toute en ovale
Il nous dit que l’accoustique doit être très très bonne.
Il nous propose de chanter Oxala, mais de commencer pianissimo et de ne pas forcer trop à la fin.
Nous suivons ses indications à la lettre.
Dès les premières mesures, la trentaine de touristes français et étranger présents s’arrêtent, subjugués!
le son est prodigieux!
nous continuons donc le chant et le terminons sous les applaudissements.
Mais nous, nous sommes complètement sonnés : nous sommes encore sous le coup d’une émotion indescriptible : nous avons la chair de poule et frissonnons carrément. (j’en suis encore ému en écrivant ces lignes, c’est dire!)
Pierrette, qui sera une de nos présidentes plus tard, est en larmes…
il s’est passé quelque chose d’unique et tous les présents en gardent un souvenir impérissable
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c’est à partir de ce jour que Oxala est devenue notre chanson fétiche et nous l’avons chantée à de multiples occasions, en dehors des concerts:
– au cours des 3èmes mi-temps, quand nous partagions une soirée avec une autre chorale
– à Brehna en Allemagne
– A Cracovie, en Pologne, dans la grande salle de la mine de sel de Wieliczka
– En Angleterre lors de notre 1er voyage
etc, etc

Une aventure exceptionnelle: l’inauguration de l’espace G. Sand à Chécy

En 2000, Benoit nous fait part du projet de la ville de Chécy pour l’inauguration de sa future salle des fêtes.
La municipalité a décidé de faire les choses en grand et de présenter un spectacle complet: du théâtre, un orchestre, un choeur important comprenant des solistes.
côté théâtre, une pièce d’Aristophane intitulée « les oiseaux » constituera le fil rouge du spectacle
la formation musicale du Loiret, une centaine de musiciens, sera dirigée par Philippe Gabez qui aura la lourde tâche de diriger aussi les choristes.
Ceux-ci proviendront de 3 chorales: St Jean de Braye, Jargeau avec son chef de choeur Yves Chardon et Chantemoy dirigé par Benoit Fallou, soit environ 200 choristes.
la partie théâtrale est assurée par des jeunes de la troupe de Chécy.
Il y a aussi 3 solistes professionnels: une soprano, une alto et un ténor avec une « voix de tête » étonnante; quelques parties de basse et de ténor sont assurées par les « gens du crû ».
la conception du projet et sa mise en scène ont été confiées à une jeune femme Anna Vilas
l’inauguration est prévue sur 3 jours, les 28,29 et 30 novembre 2001
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Benoit nous explique que les chants reprendront la totalité d’une oeuvre monumentale d’un musicien allemand Carl Orff, et intitulée « Carmina Burana ».
le texte est assez ardu car rédigé tout en latin.
Il nous demande si nous sommes prêts à nous engager dans ce projet en précisant bien qu’il y aura des répétitions supplémentaires réservées à ce projet et qu’il faudra se déplacer assez souvent à Chécy ou ailleurs pour répéter avec les autres chorales et avec l’orchestre
La majorité de la chorale se déclare prête pour ce projet
A partir de là, nous allons vivre de façon agitée pendant plus d’1 an.
Certains choristes vont déclarer forfait parce que les chants sont trop difficiles à apprendre ou parce ce que les répétitions sont trop fréquentes.
Il y eut quelques frottements sérieux entre la responsable du projet et le chef d’orchestre.
Elle voulait absolument qu’il y ait un peu de mouvement de la part des choristes, ce à quoi Philippe Gabez était totalement opposé; il fut un moment question de représenter une taverne sur la scène dans laquelle chanteraient, par coeur, les ténors et les basses volontaires; si vous connaissez la partition, vous pouvez mesurer l’effort à faire, mais nous avons été quelques uns à nous y mettre; finalement, cette idée fut abandonnée car trop compliquée à mettre en oeuvre.
Malgré tout, Anna ne capitula pas et réussit à ce qu’une partie de la chorale se déplace vers les spectateurs.
Enfin, arriva le jour de l’inauguration et malgré toutes les répétitions, nous fûmes encore surpris.
En effet, nous n’avions jamais vu le décor ni les jeunes acteurs costumés et il faut dire que ce fut très réussi.
Bien entendu la salle était comble, pas une place de libre; nous avions eu le droit d’inviter 2 ou 3 personnes gratuitement.
Le spectacle fut un énorme succès, si bien que les chorales de Jargeau et Chantemoy décidèrent de le produire dans leur ville où il se joua aussi à guichets fermés.
je garde de cette aventure un excellent souvenir: nous avons sympathisé entre nous et avec les autres choristes notamment au cours de repas fort animés.
Et, comme tout ce qui est difficile, c’est tellement agréable quand c’est réussi!
Benoit a d’ailleurs puisé longtemps dans le texte pour en extraire les morceaux qu’il jugeait les meilleurs dans nos concerts ultérieurs.
voilà
Une cassette vidéo intitulée « la cité des oiseaux » a été montée et dupliquée; j’en possède un exemplaire que je ne peux malheureusement plus regarder car mon lecteur de cassette est HS; si quelqu’un est intéressé, je peux la lui prêter un petit moment